Réponses aux demandes d'information

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6 mars 2015

COL105044.EF

Colombie : information sur les Urabeños (aussi connus sous le nom de Clan Úsuga ou Autodefensas Gaitanistas de Colombia), y compris sur les régions où ils exercent leurs activités, plus particulièrement à Buenaventura, leurs activités criminelles et les mesures prises par l'État; information indiquant si les Urabeños tentent de retrouver les personnes, notamment les Afro-Colombiens, qui s'enfuient de Buenaventura (2014-janvier 2015)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Selon des sources, le directeur de la police nationale a annoncé le 25 avril 2014 que, pour éviter que les habitants de la région d'Urabá soient mal vus, et conformément à la demande formulée par le président de la Colombie, le groupe criminel des Urabeños serait désormais désigné sous le nom de Clan Úsuga (Agencia EFE 25 avr. 2014) ou de Clan Úsuga David (El Espectador 25 avr. 2014). Des sources ajoutent que les Urabeños eux-mêmes se désignent sous le nom de Forces d'autodéfense gaitanistes (Autodefensas Gaitanistas de Colombia) (InSight Crime mai 2014, 2; Colombia Reports 17 sept. 2012).

Des sources affirment que le groupe des Urabeños a été créé dans la région d'Urabá (ibid.; Jane's Intelligence Review 10 janv. 2013, 1). La région d'Urabá couvre une portion des départements de Chocó, d'Antioquia et de Córdoba (Caracol Radio 28 mars 2012; Verdad Abierta 25 mars 2011). Des sources expliquent que les Urabeños sont issus de la démobilisation des Forces d'autodéfense unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia - AUC), processus qui s'est terminé en 2006 (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 5; InSight mai 2014, 2). Des sources signalent que les AUC étaient une organisation paramilitaire créée en 1997 pour rassembler plusieurs milices [traduction] « d'autodéfense » en vue de combattre les guérilleros (Verdad Abierta 20 août 2008; Mapping Militant Organizations 2012). Les AUC se livraient également au trafic de la drogue (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 5; InSight Crime s.d.a) et étaient devenues [traduction] « sans doute la plus importante organisation de trafic de drogues au monde » (ibid.; Colombia Reports 14 janv. 2015). D'après un rapport produit par la Fondation idées pour la paix (Fundación Ideas para la Paz - FIP), un groupe de réflexion de Bogotá qui effectue de la recherche sur les conflits armés en Colombie, des groupes criminels [aussi connus en Colombie sous le nom de Bandas Criminales ou BACRIM (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 1)] ont vu le jour à la suite de la démobilisation des AUC pour combler le [traduction] « vide » ainsi créé sur le plan du pouvoir territorial (FIP sept. 2014, 5, 35). Sur son site Internet, le département du Trésor des États-Unis écrit que le groupe des Urabeños est [traduction] « la "BACRIM" la plus importante et la plus influente [...] qui sévit actuellement en Colombie » (23 juill. 2014).

Des sources signalent que le groupe criminel qui allait devenir les Urabeños a été fondé par Vicente Castaño (Semana 7 juin 2012; InSight Crime mai 2014, 16), un membre de la famille qui a fondé le mouvement paramilitaire en Colombie; il a par la suite refusé de participer à la démobilisation des AUC en 2006 (ibid.). Après l'assassinat de Vicente Castaño en 2007, Daniel Rendón, alias « Don Mario », est devenu le chef des Urabeños jusqu'en avril 2009, date de sa capture par les forces policières (ibid. 17-18; Verdad Abierta 19 nov. 2014). Des sources affirment que les frères Juan de Dios Úsuga et Dario Antonio Úsuga, alias « Giovanni » et « Otoniel » respectivement, ont assumé le commandement des Urabeños (Colombia Reports 17 sept. 2012; El Espectador 18 janv. 2014). Des sources soulignent que Juan de Dios Úsuga a été tué dans le cadre d'une opération policière en janvier 2012 dans la région d'Urabá (ibid.; Colombia Reports 17 sept. 2012). Son frère Dario Antonio a pris la relève (ibid.; Jane's Intelligence Review 10 janv. 2013, 10). Le groupe des Urabeños est considéré comme la principale organisation criminelle en Colombie ayant une portée nationale (InSight Crime 2 mai 2014b; FIP sept. 2014, 35; Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 1, 2, 21). D'après le Jane's Intelligence Review, les bandes criminelles sont considérées comme une plus grande menace pour la sécurité nationale que les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia - FARC) ou l'Armée de libération nationale (Ejército de Liberación Nacional - ELN) (ibid., 4). Il ressort d'un document publié par le Collège militaire supérieur (Escuela Superior de Guerra) [des Forces armées de la Colombie] que [traduction] « les BACRIM [...] constituent une menace sérieuse à la sécurité nationale » (Colombie sept. 2012, paragr. 2.3).

2. Structure

D'après un rapport de 2013 rédigé par la Cour pénale internationale (CPI),

[version française de la CPI]

[i]l existe une base raisonnable permettant de croire que le groupe des Urabeños est suffisamment organisé, entre autres parce qu'il dispose de membres disciplinés, opérant selon une structure hiérarchique, qu'il exerce un contrôle efficace sur ses membres, qu'il contrôle un territoire, qu'il est en mesure de recruter et d'acquérir des armes et qu'il dispose d'un effectif considérable (CPI nov. 2013, paragr. 129, italique dans l'original).

Selon un chapitre rédigé par Soledad Granada [1], Jorge A. Restrepo [2] et Alonso Tobón García [3] et publié dans une anthologie sur la guerre et la violence en Colombie, la structure de commandement des Urabeños est [traduction] « non linéaire », comportant plusieurs groupes régionaux qui relèvent du commandement central, bien qu'ils conservent une autonomie relative (Granada et al. 2009, 475). Soledad Granada et ses collaborateurs ajoutent que ces groupes régionaux ont [traduction] « plusieurs dirigeants bien en vue » et qu'ils ont des objectifs communs (ibid.). Jeremy McDermott, ancien correspondant de la BBC en Colombie et du Jane's Intelligence Review en Amérique latine, a cofondé InSight Crime, un site Internet consacré au crime organisé dans les Amériques, et en est le codirecteur; il s'est spécialisé dans les sujets de recherche suivants : [traduction] « le trafic de drogues, le crime organisé et la guerre civile en Colombie » (InSight Crime s.d.b). Dans un rapport qu'il a rédigé pour InSight Crime et qui a été publié en mai 2014, il affirme que le groupe des Urabeños n'est pas une organisation criminelle hiérarchisée et qu'il n'est pas doté d'une chaîne de commandement unifiée ou centralisée (ibid. mai 2014, 2). Il explique que le groupe des Urabeños est plutôt un réseau criminel constitué de [traduction] « nœuds »; si certains de ces nœuds sont neutralisés [par les autorités], de nouveaux nœuds se formeront pour assumer les fonctions de ceux ayant été démantelés (ibid., 3). Il affirme que les groupes régionaux sont autonomes sur le plan financier et que le chef des Urabeños n'a pas le pouvoir de leur donner des ordres (ibid., 29). Il ajoute que [traduction] « [d]e nombreux bureaux de collecte locaux sont également autonomes sur le plan financier et [que] les chefs régionaux n'ont peut-être pas l'autorité d'imposer des conditions à certains des bureaux les plus puissants » (ibid.). Des sources expliquent que les [traduction] « bureaux de collecte » (oficinas de cobro) sont des gangs spécialisés dans l'extorsion, l'enlèvement et les assassinats ciblés et qu'ils assurent des « services » aux organisations de trafic de drogues (ibid. 2 mai 2014c; Terra 4 mai 2011). Par exemple, le Jane's Intelligence Review précise que des groupes locaux se livrent à leurs propres activités criminelles sous la bannière des Urabeños pour [traduction] « inspirer la peur », même s'ils ont « peu de contacts, voire aucun », avec les principaux dirigeants des Urabeños (4 avr. 2014, 22). Jeremy McDermott signale aussi qu'en dehors du réseau principal des Urabeños, il y a d'autres narcotrafiquants faisant partie d'un plus important réseau de trafic de drogues en Colombie et qui ont recours aux services des Urabeños (InSight Crime mai 2014, 13).

Selon Jeremy McDermott, le groupe des Urabeños est constitué de trois générations de gens qui étaient membres de groupes de guérilleros, de milices paramilitaires ou d'organisations de trafic de drogues (ibid., 2, 5). Ses membres n'ont pas reçu le même entraînement militaire que les anciens membres de milices paramilitaires, étant donné que [traduction] « la plupart des nouvelles recrues [...] sont des criminels de droit commun ayant moins de discipline et d'entraînement » (ibid., 37). Des sources font remarquer que les membres des BACRIM ne portent pas d'uniforme, pour éviter de signaler leur appartenance à ces bandes (ibid., 13; Granada et al. 2009, 475).

Selon des sources, le groupe des Urabeños comporte trois niveaux hiérarchiques, soit :

  • le premier niveau : le [traduction] « conseil d'administration », qui est dirigé par Dario Antonio Úsuga (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22; InSight Crime mai 2014, 12). Le conseil d'administration est aussi composé de commandants de haut rang et de narcotrafiquants [traduction] « très expérimentés » (ibid.);
  • le deuxième niveau : les commandants régionaux, qui sont chargés de contrôler des territoires précis (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22; InSight Crime mai 2014, 12) et de faciliter le trafic de stupéfiants (ibid.). D'après Jeremy McDermott, les Urabeños sont organisés en huit blocs régionaux répartis dans l'ensemble de la Colombie (ibid., 12, 29);
  • le troisième niveau : les gangs et les [traduction] « bureaux de collecte » qui sont engagés pour mener à bien des tâches précises au sein de l'organisation (ibid.; Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 22).

2.1 Recrutement

Jeremy McDermott explique que [traduction] « la clé de la croissance des Urabeños est la mise en place d'ententes et d'alliances avec d'autres BACRIM [...] et bureaux de collecte [...], dont certains maintiennent leur identité tandis que d'autres sont assimilés sous la grande bannière des Urabeños » (mai 2014, 29). Dans un article qu'il a rédigé pour le Jane's Intelligence Review et qui est paru en janvier 2013, Jeremy McDermott fait observer que les Urabeños établissent des pactes avec d'autres groupes criminels, [traduction] « puis [qu'ils] attendent l'occasion de les assimiler, souvent en abattant leurs dirigeants » (10 janv. 2013, 10). Dans son rapport de mai 2014 publié par InSight Crime, il donne un exemple de tels pactes : la négociation d'une [traduction] « entente de coopération » à Medellín entre les Urabeños et le Bureau de collecte d'Envigado (Oficina de Envigado) en 2013, qui a fait en sorte que la ville a connu le taux d'homicide le plus bas en trois décennies (InSight Crime mai 2014, 30). D'après Jeremy McDermott, le Bureau de collecte d'Envigado fait maintenant partie des Urabeños, et les narcotrafiquants locaux à Medellín ont recours aux services des deux groupes pour exercer leurs activités (ibid., 31).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Verdad Abierta, un site Internet qui compile des renseignements sur le conflit armé en Colombie, fait aussi état du fait que les Urabeños accroissent leurs effectifs grâce au recrutement forcé d'enfants, à qui ils offrent des salaires ou des cadeaux et qui servent de récolteurs de feuilles de coca, de sentinelles et d'informateurs (Verdad Abierta 16 août 2014). Human Rights Watch fournit des renseignements similaires en signalant que, d'après le Bureau de l'ombudsman (Defensoría del Pueblo), l'institution gouvernementale qui milite pour la protection des droits de la personne au pays (Colombie s.d.b), les BACRIM recrutent des enfants de force afin de s'en servir comme [traduction] « sentinelles » et tireurs (Human Rights Watch mars 2014, 22).

Colombia Reports, un site d'informations en ligne consacré aux actualités colombiennes, signale que, d'après des médias colombiens, les Urabeños comptaient de 1 300 à 2 000 combattants en 2012 (17 sept. 2012). Il ressort du rapport de la FIP que, selon le Bureau du procureur général (Fiscalía General de la Nación), les Urabeños comptaient [traduction] « environ » 2 300 membres à la fin de 2013 (FIP sept. 2014, 35). D'après le Jane's Intelligence Review, les Urabeños ont [traduction] « à peu près » 3 000 membres et « la capacité de faire appel à de nombreux autres sous-traitants » (4 avr. 2014, 5).

2.2 Groupes assimilés par les Urabeños

Des sources font observer que le groupe des Héros de Vichada (Héroes de Vichada) [aussi connu sous le nom de Libérateurs de Vichada ou Libertadores de Vichada], un sous-groupe du groupe paramilitaire Armée révolutionnaire populaire anticommuniste (Ejército Revolucionario Popular Anticomunista - ERPAC), qui exerce ses activités dans les plaines de l'Est, collabore avec les Urabeños (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 21; InSight Crime 2 mai 2014b). Dans son article publié par le Jane's Intelligence Review, Jeremy McDermott signale qu'en plus des Héros de Vichada, les Urabeños ont assimilé les organisations suivantes entre 2006 et 2012 :

  • les Conquérants de San Jorge (Vencedores de San Jorge) et les Héros de Castaño (Héroes de Castaño) dans les départements d'Antioquia et de Córdoba;
  • les Aigles noirs (Águilas Negras) dans les départements d'Antioquia, de Córdoba, de Bolívar, de Cesar et de Norte de Santander;
  • les Trafiquants (Los Traquetos) dans le département de Córdoba;
  • Los Nevados dans les départements d'Atlántico et de La Guajira;
  • Los Paisas dans le département d'Antioquia;
  • La Haute Guajira (Alta Guajira) dans le département de La Guajira;
  • le Bureau de collecte des Caraïbes (Oficina del Caribe) dans les départements d'Atlántico et de La Guajira;
  • La Cordillera dans les départements de Caldas, de Risaralda et de Quindío;
  • l'ERPAC dans les départements de Meta, de Guaviare et de Vichada (Jane's Intelligence Review 10 janv. 2013, 3-4).

De plus, dans son rapport de mai 2014 publié par InSight Crime, Jeremy McDermott fait remarquer que Los Machos dans le département de Valle del Cauca, Renacer dans le département de Chocó et le Bureau de collecte d'Envigado dans le département d'Antioquia, y compris Medellín, font partie des Urabeños (InSight Crime mai 2014, 29-30).

Selon l'article de Jeremy McDermott publié par le Jane's Intelligence Review, même si les Urabeños ne sont pas parvenus à conclure des pactes avec les FARC aux niveaux national ou régional, ils ont établi des [traduction] « pactes de non-agression » avec certains fronts des FARC dans les départements de Chocó et d'Urabá, dans le cadre desquels les FARC vendent de la pâte de coca aux Urabeños (10 janv. 2013, 8). Dans son rapport de mai 2014 publié par InSight Crime, Jeremy McDermott souligne que les Urabeños ont également conclu des ententes avec l'ELN et un groupe dissident de l'Armée populaire de libération (Ejército Popular de Liberación - EPL) afin d'avoir accès à la pâte de coca (InSight Crime mai 2014, 22).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

3. Régions où les Urabeños exercent leurs activités

Des sources attirent l'attention sur le fait que les Urabeños ont une présence [traduction] « importante » le long de la côte caraïbe (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 21) ou ont [traduction] « pris le contrôle » de la côte caraïbe (Colombia Reports 17 sept. 2012). Le Jane's Intelligence Review ajoute que leur présence est [traduction] « importante » à Medellín (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 21). Des sources signalent que les Urabeños sont également présents sur la côte pacifique (ibid.; InSight Crime 2 mai 2014b). On peut lire dans un rapport de la FIP daté de septembre 2014 que, d'après le Bureau du procureur général, les Urabeños étaient présents dans 140 municipalités dans 12 départements à la fin de 2013 (sept. 2014, 35). Des sources signalent la présence des Urabeños dans les départements suivants :

Antioquia Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Arauca Colombie 4 nov. 2014b
Archipiélago de San Andrés, Providencia y Santa Catalina Colombie 4 nov. 2014b
Bogotá, D.C. Colombie 4 nov. 2014b
Bolívar Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Caldas Colombie 4 nov. 2014b
Cauca Colombie 4 nov. 2014b
Cesar Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Chocó Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Córdoba Colombie 4 nov. 2014b
Cundinamarca Colombie 4 nov. 2014b
La Guajira Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Magdalena Colombie 4 nov. 2014b
Nariño Colombie 4 nov. 2014b
Norte de Santander Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Putumayo Colombie 4 nov. 2014b
Risaralda Colombie 4 nov. 2014b
Santander Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35
Sucre Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 36
Valle del Cauca Colombie 4 nov. 2014b; FIP sept. 2014, 35

Le département du Trésor des États-Unis affirme que les Urabeños ont étendu leur [traduction] « influence violente considérable partout dans les Amériques » (23 juill. 2014). Des sources signalent la présence des Urabeños au Venezuela (InSight Crime 2 mai 2014b; FES mars 2013, 6). D'après un article daté de mars 2013 publié par la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), [traduction] « une fondation politique allemande à but non lucratif qui vise à promouvoir les efforts en matière de politiques publiques en vue de régler des problèmes d'intérêt général » (FES s.d.), les Urabeños ont des liens avec le cartel mexicain de Sinaloa (FES mars 2013, 6). Jeremy McDermott a noté la présence [traduction] « [d']émissaires des Urabeños, sinon une présence permanente », en Argentine, en Bolivie, au Brésil, en Équateur, au Honduras, au Panama, au Pérou et en Espagne (InSight Crime 2 mai 2014b). De même, le département du Trésor des États-Unis affirme que les Urabeños ont [traduction] « étendu leurs activités de trafic de drogues et de blanchiment d'argent à l'Espagne » (23 juill. 2014).

3.1 Buenaventura

D'après un rapport de 2010 produit à l'aide de données provenant d'un recensement effectué en 2005 par le Département administratif national des statistiques (Departamento Administrativo Nacional de Estadística - DANE), l'agence gouvernementale chargée de produire des données statistiques sur la Colombie (Colombie s.d.c), 88,5 p. 100 de la population de Buenaventura s'identifie comme étant afro-colombienne (Colombie 14 sept. 2010, 2).

On peut lire dans un rapport de la Police nationale portant sur les statistiques sur les homicides, qui a été envoyé à la Direction des recherches par un représentant de la FIP, que le taux d'homicides [par 100 000 habitants] à Buenaventura était de 48,6 en 2013 et de 38 en 2014 (Colombie s.d.a). Le taux d'homicides de la Colombie pour les mêmes années était de 32,2 et de 27,7, respectivement (ibid.). Human Rights Watch fait remarquer que [traduction] « les taux d'homicides officiels » à Buenaventura « ne sont pas fiables compte tenu du nombre élevé de "disparitions" » dans cette ville (mars 2014, 5).

Des sources signalent que le port de Buenaventura est le port maritime le plus important de la Colombie (Nations Unies 25 janv. 2011, paragr. 27; Jane's Intelligence Review 10 janv. 2013, 11) et que [traduction] « le groupe criminel qui contrôle l'accès à ce port est en position de force » (ibid.). De même, il ressort d'un rapport de la FIP que le port de Buenaventura est le [traduction] « point stratégique le plus important dans le Pacifique en ce qui a trait aux activités criminelles » (21 mai 2014, 15). D'après le Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council - NRC), une ONG indépendante qui vient en aide aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, [traduction] « [e]n raison de sa position stratégique, de son activité commerciale et de ses diverses voies d'accès fluviales, Buenaventura constitue un corridor pour le transport de marchandises passées en contrebande ainsi que le trafic et le microtrafic d'armes et de drogues » (sept. 2014, 6). Selon des sources, les Urabeños sont arrivés à Buenaventura en 2012 (FIP 21 mai 2014, 10-11; Jane's Intelligence Review 10 janv. 2013, 11). Le Jane's Intelligence Review signale qu'au cours des trois derniers mois de 2012, alors que les Urabeños se disputaient la ville avec le gang La Empresa, le taux d'homicides a doublé (ibid.). Selon le NRC, Buenaventura [traduction] « fait l'objet d'un conflit continuel entre des groupes armés illégaux », soit les Urabeños et La Empresa (sept. 2014, 6). Il est écrit dans un rapport de Human Rights Watch rédigé à la suite d'une visite à Buenaventura en novembre 2013 que les auteurs ont [traduction] « trouvé une ville où des quartiers entiers étaient sous l'emprise de bandes puissantes ayant succédé aux groupes paramilitaires, soit les Urabeños et La Empresa » (Human Rights Watch mars 2014, 2). Il est également écrit dans le rapport que ces organisations criminelles [traduction] « restreignent les déplacements des résidents, recrutent leurs enfants, extorquent de l'argent aux entreprises et se livrent régulièrement à des actes de violence horribles à l'encontre de quiconque s'oppose à leur volonté » (ibid.).

3.1.1 « Maisons-abattoirs »

Des sources signalent l'existence de [traduction] « maisons-abattoirs » (casas de pique), où les Urabeños et La Empresa torturent, abattent et démembrent leurs victimes (ibid.; El País 8 oct. 2013; Human Rights Watch mars 2014, 2; RFI 9 sept. 2014); souvent, les victimes sont mises en pièces alors qu'elles sont encore en vie (ibid.; Human Rights Watch mars 2014, 2). Des sources affirment que des gens savent où se trouvent les « maisons-abattoirs », mais qu'ils ne déposent pas de plaintes, par crainte de représailles (ibid., 23; El Espectador 5 mars 2014). Selon des sources, les autorités locales ont tenté de nier l'existence de ces « maisons-abattoirs » (El País 8 oct. 2013; El Espectador 11 oct. 2014). El Espectador, un journal national de Bogotá, souligne que les autorités locales ont exigé que le journal [traduction] « corrige » l'information qu'il avait publiée au sujet des « maisons-abattoirs » (ibid.). Toutefois, des sources font observer que le Bureau du procureur général a finalement reconnu l'existence de ces lieux (ibid.; RFI 9 sept. 2014).

3.1.2 Violence sexuelle

Le NRC affirme que la violence sexuelle par les BACRIM à Buenaventura est [traduction] « un secret de polichinelle », même si personne n'en parle (NRC sept. 2014, 7). Le NRC fait remarquer que la violence contre les femmes est [traduction] « une forme de contrôle utilisée par les groupes armés illégaux pour démontrer leur supériorité et [qu']elle est surtout utilisée comme stratégie pour s'approprier des territoires » (ibid.). Amnesty International (AI) cite l'exemple de groupes paramilitaires qui infligent des sévices sexuels aux militantes des droits de la personne afin de [traduction] « les punir et [de] les réduire au silence » (AI févr. 2013, 6). Amnesty International ajoute que la majorité de ces victimes ne déposent pas de plaintes et que celles qui en déposent [traduction] « ne constatent pas beaucoup de progrès dans l'enquête criminelle liée à leur dossier » (ibid.). Par ailleurs, Verdad Abierta signale que les Urabeños se livrent à des agressions sexuelles contre des mineures et que personne [traduction] « n'a osé » déposer de plaintes, par crainte de représailles (16 août 2014).

3.1.3 Déplacements de populations

D'après Human Rights Watch, les autorités [traduction] « n'ont pas apporté une assistance adéquate » aux victimes de déplacements forcés dans la ville (Human Rights Watch mars 2014, 5). D'après la même source, les taux de déplacement [traduction] « ont augmenté d'une moyenne de 9 500 personnes par année entre 2004 et 2008, à près de 12 000 par année entre 2009 et 2013 » (ibid.). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations Unies écrit qu'entre octobre et novembre 2012, [traduction] « plus de 5 000 » personnes ont été contraintes de quitter leur foyer à Buenaventura (Nations Unies 6 nov. 2013). Le BCAH écrit aussi [traduction] « [qu']au moins » 2 516 personnes de 629 familles dans les communes 3 et 4 de Buenaventura ont été déplacées en novembre 2013 aux bureaux locaux de Caritas Colombia en raison de menaces des BACRIM et d'affrontements armés « répétés » entre ces groupes criminels (ibid.). Le NRC fait observer que, de janvier à novembre 2013, 1 303 familles auraient été déplacées dans les régions rurales et urbaines de Buenaventura (sept. 2014, 6). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur les déplacements de populations.

3.1.4 « Frontières invisibles »

Des sources font état de la présence de [traduction] « frontières invisibles » à Buenaventura (Caracol Radio 5 mars 2014; Human Rights Watch mars 2014, 18). Selon Human Rights Watch, les BACRIM :

[traduction]

surveillent étroitement les gens qui empruntent les rues où elles sont actives ou qui entrent dans les quartiers où elles sont présentes. Si une personne inconnue entre dans un quartier contrôlé par une bande - ou si la personne vient d'une zone sous l'emprise d'une bande rivale -, elle risque d'être perçue comme une personne ayant des liens avec l'ennemi et elle risque d'être tuée ou d'être victime d'une disparation (ibid.).

Selon La Silla Vacía, un site d'informations en ligne sur la vie politique en Colombie, dans [traduction] « de nombreux » quartiers de Buenaventura, « il y a des frontières invisibles », et les gens qui les franchissent par inadvertance risquent d'être tués (12 mars 2014). Caracol Radio, une station d'informations de Bogotá, signale que, d'après le Bureau de l'ombudsman de la Colombie, les enfants et les adolescents ne peuvent pas s'inscrire à l'école La Gabriela, située au centre de Buenaventura, et les parents ne peuvent pas aller chercher leurs enfants, de crainte d'être tués s'ils franchissent une [traduction] « frontière invisible » (5 mars 2014).

3.1.5 Présence policière

On peut lire dans un article paru dans Semana, un magazine hebdomadaire colombien, que Buenaventura est l'une des villes les plus protégées par les forces de sécurité en Colombie (11 avr. 2014). Human Rights Watch signale que, selon le commandant de police pour la ville de Buenaventura, il y avait environ 900 agents de police et 500 membres de la Marine à Buenaventura en novembre 2013 et que la Police nationale a envoyé un effectif supplémentaire de 650 policiers à la mi-février de 2014 (Human Rights Watch mars 2014, 24). Toutefois, Human Rights Watch signale aussi que, d'après des résidents de Buenaventura [traduction] « de sections de la ville où La Empresa ou les Urabeños sont solidement établis », la présence de la police dans leurs quartiers est « rare » (ibid., 4). Le NRC fait également remarquer que la présence de l'État est [traduction] « d'une faible efficacité » et que les habitants « souffrent des taux de vulnérabilité les plus élevés au pays » (sept. 2014, 6). En novembre 2013, Human Rights Watch a interviewé [traduction] « plusieurs » résidents qui avaient vu des membres de la police se réunir avec des membres de groupes criminels, y compris les Urabeños (Human Rights Watch mars 2014, 4). En mars 2014, l'organisation a signalé que, selon la police, plus de 250 membres des BACRIM avaient été arrêtés à Buenaventura depuis janvier 2012 (ibid.). Le rapport fait aussi état de l'ouverture de plus de 2 000 enquêtes sur des disparitions et des déplacements forcés, bien qu'aucune de ces enquêtes n'ait mené à des déclarations de culpabilité (ibid., 4-5). L'Agence de presse nationale (Agencia Nacional de Noticias - Colprensa), une agence nationale qui alimente de nombreux journaux tels que El Colombiano, El País et El Universal (Colprensa s.d.), cite le chef de la Direction des enquêtes criminelles et d'Interpol (Dirección de Investigación Criminal e Interpol - DIJIN) de la Police nationale qui a dit que 481 membres des BACRIM avaient été capturés à Buenaventura entre janvier et août 2014 (30 août 2014).

4. Activités

Jeremy McDermott souligne que [traduction] « [l]e trafic de la cocaïne n'est plus l'unique activité criminelle, ni peut-être même la principale, des Urabeños », car ils s'adonnent aussi à l'extraction de l'or, à l'extorsion, à la traite des personnes, aux jeux de hasard et à la prostitution (InSight Crime 2 mai 2014a). Des sources signalent que les BACRIM, y compris les Urabeños, sont aussi responsables d'homicides, d'actes d'extorsion, de recrutements forcés, de trafic de drogues, d'extractions minières [traduction] « illégales » (Colombie 4 nov. 2014a; Prieto 2012, 181), de massacres, de déplacements forcés et de contrebande (ibid.). Le département du Trésor des États-Unis fait remarquer que les Urabeños se livrent également au trafic d'armes et au blanchiment d'argent (23 juill. 2014).

D'après le Jane's Intelligence Review, les Urabeños, contrairement aux guérilleros, ne s'adonnent pas au sabotage de l'infrastructure de la Colombie ou à des attaques contre des postes de police ou des bases militaires (Jane's Intelligence Review 4 avr. 2014, 5). Toutefois, des sources signalent qu'après le meurtre de Juan de Dios Úsuga, un des dirigeants des Urabeños, l'organisation a riposté en déclarant une [traduction] « "grève armée" » dans certaines parties des départements d'Antioquia, de Chocó, de Córdoba, de Magdalena et de Sucre (ibid.; FIP janv. 2013, 26). Selon la FIP, la [traduction] « grève armée » a aussi eu lieu dans le département de Bolívar (ibid.). Le Jane's Intelligence Review fait observer que la [traduction] « grève armée » a également visé le département de Cesar (4 avr. 2014, 5). D'après des sources, les Urabeños ont interrompu l'activité économique et les transports publics dans la région (Colombia Reports 17 sept. 2012; FIP janv. 2013, 26), faisant ainsi la démonstration de leur pouvoir dans ce secteur (ibid.). Verdad Abierta a signalé en août 2014 qu'à Achí, dans le département de Bolívar, les Urabeños avaient interdit la distribution de produits alimentaires, fermé de force les commerces, imposé un couvre-feu aux habitants, contrôlé la durée des appels téléphoniques et extorqué de l'argent à la population, exposant au moins 3 000 personnes au risque d'être déplacées (Verdad Abierta 16 août 2014). Selon un informateur de Verdad Abierta, les Urabeños se sont établis dans la région pour contrôler le trafic de drogues (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

Le Bureau de l'ombudsman de la Colombie affirme que les affrontements entre les guérilleros et les Urabeños à Medio Baudó et à Alto Baudó [département de Chocó] durant le premier trimestre de 2014 ont entraîné [traduction] « le déplacement massif » de 3 300 personnes et la « séquestration » de 1 900 personnes de communautés autochtones et afro-colombiennes (Colombie 4 nov. 2014a). Le Bureau de l'ombudsman ajoute que 30 quartiers de Cali se trouvent dans une situation de [traduction] « vulnérabilité » depuis que la présence des Urabeños y a été détectée (ibid.). D'après un rapport daté de 2011 rédigé par l'experte indépendante des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, en raison du fait qu'ils habitent les terres [traduction] « les plus fertiles et les plus riches en ressources » de la Colombie et en raison de la mise en œuvre de « mégaprojets » par des intérêts privés et publics sur leurs terres, les Afro-Colombiens ont fait l'objet « de déplacements forcés brutaux, de violence généralisée et de meurtres sélectifs » (Nations Unies 25 janv. 2011, paragr. 67-68). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.

5. Mesures prises par l'État

Selon Colombia Reports, un des chefs des Urabeños, connu sous le nom de « Mi sangre » (« Mon sang ») [Henry de Jesús López (El Espectador 18 janv. 2014)], a été capturé en Argentine en octobre 2012; il gérait les contacts internationaux du groupe pour ce qui est du trafic de drogues (Colombia Reports 17 sept. 2012). El Espectador signale que les autorités ont arrêté plusieurs membres de la famille Úsuga, y compris : John Fernando Giraldo Úsuga, alias « Simón », et son frère Juan Diego en mai 2012 à Medellín; Alexander Montoya Úsuga, alias « Flaco », qui était le commandant des Urabeños dans la municipalité de Turbo, en juillet 2012; Luis Fernando Úsuga Arango, alias « H20 », « Eleno » ou « Ferney », en avril 2013; Arley Úsuga Torres, alias « Cero Siete », qui était responsable des finances du groupe criminel, en décembre 2013; et la sœur de Dario Antonio Úsuga, Nini Johana, en janvier 2014 (18 janv. 2014). Le 18 mars 2014, des sources ont attiré l'attention sur le fait que les autorités avaient lancé une opération contre les Urabeños dans les départements d'Antioquia et de Chocó ainsi que sur la côte caraïbe et qu'elles avaient arrêté 17 personnes qui travaillaient pour le groupe criminel, dont trois membres de l'armée (Terra 18 mars 2014; El Espectador 18 mars 2014). Ces membres de l'armée auraient facilité les activités de trafic de drogues des Urabeños dans le golfe d'Urabá (ibid.; Terra 18 mars 2014). Des sources écrivent qu'en septembre 2014, la police a arrêté Daniel Anaya Martínez, alias « Tierra », qui était au quatrième échelon du commandement des Urabeños, ainsi que sept (Colombia Reports 11 sept. 2014) ou neuf (El Tiempo 8 sept. 2014) membres de la bande, et qu'elle a abattu deux autres membres du groupe criminel (Colombia Reports 11 sept. 2014; El Tiempo8 sept. 2014). El Tiempo, journal de Bogotá, ajoute qu'Anaya Martínez dirigeait le trafic de drogues pour les Urabeños (ibid.). Selon Colombia Reports, après cette opération policière, les Urabeños [traduction] « ont mené des attentats aveugles contre plusieurs policiers de service » dans le nord du département d'Antioquia (Colombia Reports 11 sept. 2014). D'après un article de Semana et de l'agence de presse Agencia EFE, les autorités chiliennes ont placé en détention Fanny Grueso Bonilla, alias « La Chily », en septembre 2014; elle est accusée de faire partie des Urabeños et de diriger une [traduction] « maison-abattoir » à Buenaventura (Semana et Agencia EFE 25 sept. 2014). Des sources signalent que la police espagnole a capturé Víctor Alfonso Mosquera Pérez, alias « Palomo » [et « Negro Mosquero » ou « Monpirri » (El Tiempo 15 déc. 2014)], le 12 décembre 2014 à Madrid (InSight Crime 18 déc. 2014; Agencia EFE et El Colombiano 16 déc. 2014). Les autorités affirment que Víctor Alfonso Mosquera Pérez est le dirigeant du commando des Urabeños (ibid.; InSight Crime 18 déc. 2014). Les Urabeños l'avaient envoyé en Europe pour élargir les activités de la bande sur le continent (ibid.; Agencia EFE et El Colombiano 16 déc. 2014; El Tiempo 15 déc. 2014). Des sources font remarquer qu'il avait été envoyé en Europe également pour mettre sur pied un commando chargé de [traduction] « régler des comptes » liés au trafic de drogues (AFP 16 déc. 2014; El Espectador 12 déc. 2014). Des sources soulignent qu'en janvier 2015, grâce à l'opération Visillo, la police espagnole a placé en détention 19 personnes qui introduisaient en contrebande 1 500 kilos de cocaïne en Espagne (La Provincia 17 janv. 2015; Faro de Vigo 17 janv. 2015). Les personnes mises en détention faisaient partie d'un réseau de trafic de drogues de la Galice dont les activités étaient liées aux Urabeños (ibid.; La Provincia 17 janv. 2015).

Des sources signalent que, même si les autorités ont capturé de nombreux membres des bandes criminelles, y compris des membres des Urabeños, elles ne sont pas parvenues à réduire le pouvoir de ces bandes (Human Rights Watch sept. 2013, 16; El Espectador5 mars 2014). Selon Jeremy McDermott, bien que les Urabeños n'aient pas de liens avec les forces militaires comme l'avaient autrefois les Forces d'autodéfense unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia - AUC), elles détiennent suffisamment de pouvoir pour corrompre des membres des forces de sécurité et de l'appareil judiciaire aux niveaux local et régional (InSight Crime 2 mai 2014b). Par ailleurs, AI fait observer que les bandes criminelles commettent [traduction] « de graves violations des droits de la personne, parfois avec la connivence ou la complaisance des forces de sécurité » (févr. 2013, 7).

L'Agencia EFE signale qu'un militant des droits de la personne qui faisait partie du mouvement des victimes du conflit armé dans le département de Quindío a été assassiné en septembre 2014 après avoir reçu des menaces des Urabeños (Agencia EFE 25 sept. 2014). D'après l'ombudsman du département de Quindío, plusieurs militants des droits de la personne appartenant au même mouvement ont reçu des menaces, et l'Unité de protection nationale (Unidad Nacional de Protección - UNP) ne leur a pas assuré de protection (ibid.). L'Agencia EFE cite l'ombudsman, qui a dit [traduction] « [qu']il est normal que l'UNP prenne "beaucoup de temps" pour assurer une protection aux personnes menacées » (ibid.). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un représentant de Human Rights Watch qui est un spécialiste de la Colombie a affirmé que la [traduction] « vaste majorité » des victimes des bandes criminelles ne reçoivent pas de protection (Human Rights Watch 27 janv. 2015). Le représentant a expliqué que les mesures de protection ne s'attaquent pas à la source des menaces, car les autorités enquêtent rarement sur cette facette du problème (ibid.).

Selon le représentant de Human Rights Watch, il y a des cas documentés de personnes qui ont été retrouvées par les Urabeños après avoir fui vers d'autres régions du pays (ibid.). Un rapport de Human Rights Watch raconte l'histoire de Fernando Enamorado, un représentant de Tierra y Vida, une ONG qui travaille avec les personnes déplacées pour les aider à récupérer leurs terres; il a fui d'Urabá à Medellín en avril 2010 après avoir reçu des menaces des Urabeños (ibid. sept. 2013, 66-67). On peut lire dans le rapport que Fernando Enamorado a échappé à une tentative d'assassinat le 22 octobre 2010 à l'extérieur de Medellín, l'arme du tireur non identifié s'étant enrayée (ibid.). La même source ajoute que, trois jours plus tard, Fernando Enamorado a [traduction] « presque été abattu » lorsqu'il a reçu trois balles d'un tireur non identifié à Apartadó, dans la région d'Urabá (ibid.). Il ressort également du rapport qu'à la suite de l'attentat du 25 octobre 2010, les Urabeños ont fixé une prime de 26 000 $US pour l'assassinat de Fernando Enamorado; d'après le Bureau du procureur général, en date d'avril 2013, l'enquête sur la tentative de meurtre n'en était [traduction] « qu'à une étape préliminaire » (ibid.). Des sources signalent que David de Jesús Góez, un militant pour la restitution des terres, a été tué en mars 2011 à Medellín (Colombia Reports 24 mars 2011; El Colombiano 16 avr. 2011). En 2009, David de Jesús Góez avait dû fuir la région d'Urabá pour s'installer à Medellín après avoir reçu des menaces des groupes paramilitaires (ibid.; Colombia Reports 24 mars 2011). Selon El Colombiano, un journal de Medellín, David de Jesús Góez avait dit avoir reçu des menaces des Urabeños et avait demandé la protection des autorités dans la région d'Urabá (El Colombiano 16 avr. 2011). Toutefois, d'après la même source, les autorités n'avaient pas fourni de protection à David de Jesús Góez, ayant conclu, au terme d'une [traduction] « analyse de la menace », que son dossier comportait un niveau de « "risque ordinaire" » (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Soledad Granada est chercheuse associée au Centre de ressources pour l'analyse de conflits (CERAC) (Restrepo et Aponte 2009, 598). Le CERAC est une ONG qui effectue de la recherche sur les conflits armés et étudie leur incidence [traduction] « sur le développement socioéconomique des États et des communautés » (CERAC s.d.).

[2] Jorge A. Restrepo est professeur au département d'économie de l'Université Javeriana et directeur du CERAC (Restrepo et Aponte 2009, 599).

[3] Alonso Tobón García est chercheur adjoint au CERAC (ibid., 600).

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Autres sources consultées

Sources orales : Un représentant de l'organisation suivante n'a pas pu fournir de renseignements dans les délais voulus : Washington Office on Latin America.

La personne suivante n'a pas pu fournir de renseignements : professeur de sciences politiques, Universidad de los Andes.

Les tentatives faites pour joindre la personne suivante ont été infructueuses : professeur de sciences politiques, University of Miami.

Sites Internet, y compris : Alba TV; British Broadcasting Corporation; Brookings Institution; Colombie – Consejo de Estado, Corte Constitucional, Fiscalía General de la Nación, Ministerio de Defensa Nacional, Ministerio del Interior, Policía Nacional de Colombia, Procuraduría General de la Nación; ecoi.net; El Colombiano; El Universal; Enfants soldats international; États-Unis – Central Intelligence Agency, Department of State; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; La Patria; Nations Unies – UNICEF; Organisation des États américains; Washington Office on Latin America.



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