Réponses aux demandes d'information

​​​Les réponses aux demandes d’information (RDI) sont des rapports de recherches sur les conditions dans les pays. Ils font suite à des demandes des décideurs de la CISR.

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Les réponses aux demandes d'information (RDI) citent des renseignements qui sont accessibles au public au moment de leur publication et dans les délais fixés pour leur préparation. Une liste de références et d'autres sources consultées figure dans chaque RDI. Les sources citées sont considérées comme les renseignements les plus récents accessibles à la date de publication de la RDI.    

Les RDI n'apportent pas, ni ne prétendent apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile donnée. Elles visent plutôt à appuyer le processus d'octroi de l'asile. Pour obtenir plus de renseignements sur la méthodologie utilisée par la Direction des recherches, cliquez ici.   

C'est aux commissaires indépendants de la CISR (les décideurs) qu'il incombe d'évaluer les renseignements contenus dans les RDI et de décider du poids qui doit leur être accordé après avoir examiné les éléments de preuve et les arguments présentés par les parties.    

Les renseignements présentés dans les RDI reflètent uniquement les points de vue et les perspectives des sources citées et ne reflètent pas nécessairement la position de la CISR ou du gouvernement du Canada.    

19 mars 2015

CMR105129.F

Cameroun : information sur les guerriers du chef du village, particulièrement dans la région de Mbouda; information sur les conséquences que pourrait subir une personne qui refuserait de reprendre les fonctions de son défunt père qui était membre de l'un de ces groupes de guerriers (2012-mars 2015)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Guerriers du chef du village au Cameroun, particulièrement dans la région de Mbouda

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, la directrice exécutive de Nouveaux Droits de l'homme (NDH), une ONG camerounaise de défense des droits de la personne avec un statut consultatif auprès des Nations Unies et dont le siège social est situé à Yaoundé (NDH s.d.), a déclaré que « [l]e Cameroun est composé de plusieurs groupes ethniques et groupements ou villages. Le pouvoir du roi ou chef du village est perçu différemment selon les régions » (ibid. 13 mars 2015).

Selon la directrice exécutive, « Mbouda est le chef-lieu du département du Bamboutos dans la région de l'Ouest » (ibid.). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure adjointe d'études africaines au John Jay College of Criminal Justice de la City University of New York, qui fait des recherches sur le Cameroun, y compris sur le terrain, et qui a écrit sur les chefferies au pays, a expliqué que Mbouda était une « petite ville » située entre Bamenda et Bafoussam dans l'Ouest du Cameroun (professeure adjointe 10 mars 2015).

Des sources signalent que la région de Mbouda est majoritairement composée de membres de l'ethnie bamiléké (NDH 13 mars 2015; professeure 11 mars 2015; professeure adjointe 10 mars 2015). La professeure adjointe a ajouté que l'on trouvait aussi des membres des sous-groupes de l'ethnie Bamoun dans la région (ibid.).

Une professeure de démographie sociale et d'anthropologie du Carleton College au Minnesota, qui fait des recherches anthropologiques sur le terrain, particulièrement dans l'Ouest du pays et au sein des Bamiléké, a affirmé, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, que lorsque les Camerounais parlent de leur « village », ils renvoient à [traduction] « une chefferie à laquelle ils [f]ont allégeance » et que ce « village » peut être « assez grand » (professeure 11 mars 2015). La professeure a ajouté qu'il existe différents niveaux de chefferie, appelés fons (ibid.).

La directrice exécutive de NDH a expliqué que « [d]ans les régions du grand Ouest, les royaumes par le passé et aujourd'hui villages ont à leur tête des chefs de villages ou rois » (NDH 13 mars 2015). La directrice exécutive a ajouté que ceux « que l'on peut appeler guerriers au sens strict du terme existaient avant les indépendances » (ibid.). Selon la professeure de démographie sociale et d'anthropologie, sauf pour les chefs qui sont à la tête de très petites collectivités, [traduction] « les chefs ont des sbires qui pourraient être appelés des guerriers » (professeure 11 mars 2015). Selon la professeure adjointe, [traduction] « les guerriers bamiléké font partie d'un ensemble de pratiques de longue date qui régissent le maintien de la chefferie et la puissance des fons dans la société bamiléké » (10 mars 2015). Selon la professeure de démographie sociale et d'anthropologie, [traduction] « certains de ces guerriers sont appelés des "serviteurs du chefs" [mots entre guillemets en français dans l'original] et d'autres sont des membres de sociétés secrètes » (11 mars 2015). Allant dans le même sens, la directrice exécutive de NDH a déclaré ce qui suit :

Aujourd'hui, ce[ux] que l'on peut appeler guerriers ou gardes du roi sont organisés en « sociétés secrètes », sorte de regroupement associatif où l'acceptation comme membre confère certains attributs sociaux et indui[t] un niveau de respectabilité au village. La culture bamiléké accorde beaucoup d'importance aux légendes, traditions et au magico-spirituel. Ces « sociétés secrètes » très mystifiées font donc partie des piliers du roi et de sa chefferie (13 mars 2015).

La professeure de démographie sociale et d'anthropologie a déclaré qu'il y a [traduction] « une variété de sbires ou de guerriers qui agissent comme la force policière du chef » (11 mars 2015). La professeure adjointe a pour sa part déclaré que [traduction] « les guerriers sont l'extension du pouvoir au sein des chefferies bamilékés » (10 mars 2015).

2. Conséquences que pourrait subir une personne qui refuserait de reprendre les fonctions de son défunt père à titre de guerrier

Selon la directrice exécutive de NDH, « les guerriers et membres de la garde obtiennent leurs postes soit par la succession (de père en fils), soit par décret du roi [chef] » (13 mars 2015). Cependant, selon la professeure de démographie sociale et d'anthropologie, [traduction] « toutes » les positions de guerriers sont héréditaires et transmises d'un père à l'un de ses fils, qui a été choisi pour ce rôle (11 mars 2015).

La directrice exécutive a déclaré que

[s]elon les dires des anciens et des notables et autres garants des traditions bamiléké, le fils qui refuse de reprendre les fonctions du père défunt devrait subir des conséquences d'ordre spirituel du genre malédiction, échec total de toute entreprise, [..] etc. Mais il n'existe aucune conséquence qui serait de nature à porter atteinte directement à l'intégrité physique ou à la vie du fils qui refuse (13 mars 2015).

De son côté, la professeure de démographie sociale et d'anthropologie a déclaré ce qui suit :

[traduction]

Puisque le lien héréditaire entre le père et le fils est considéré comme une « vocation » sacrée ou sainte, le fils doit remplacer son père à sa mort. Sinon, il y a des conséquences drastiques, non seulement pour la personne qui refuse, mais aussi pour sa famille, pour la fertilité des terres qui constituent la chefferie, et pour toutes sortes d'autres aspects de la vie (professeure 11 mars 2015).

La professeure a ajouté que

[q]uelqu'un doit assumer le rôle, [c'est-à-dire] le titre du père et les responsabilités qui en découlent. L'héritier « devient » la personne du père, l'incarnation de ses fonctions. Si l'héritier désigné ne prend pas la charge qui lui incombe, il doit être fait « rituellement mort » pour que quelqu'un d'autre puisse en hériter (ibid.).

La professeure a noté qu'il pourrait être possible de réaliser cette mort rituelle par l'entremise de certaines pratiques coutumières, mais que cela pourrait devenir [traduction] « gênant » si le « mort » réapparaissait (ibid.). Selon elle, celui-ci pourrait alors être véritablement tué afin de conserver la conformité de l'ordre rituel (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Nouveaux Droits de l'homme (NDH). 13 mars 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice exécutive.

Nouveaux Droits de l'homme (NDH). S.d. « Présentation de NDH ». [Date de consultation : 13 mars 2015]

Professeure adjointe d'études africaines, John Jay College of Criminal Justice, City University of New York. 10 mars 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeure de démographie sociale et d'anthropologie, Carleton College, Minnesota. 11 mars 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : Enseignant-chercheur, Université de Cotonou, Bénin; professeur d'anthropologie africaine, Université d'Amsterdam. Maison des droits de l'homme du Cameroun; professeur d'anthropologie, Université de Cape Town; professeur émérite d'anthropologie, Hobart and William Smith Colleges; professeur émérite d'anthropologie, University College London; professeur de géographie, Pôle universitaire de Guyane.

Sites Internet, y compris : Afrilex; Cairn.info; Cahiers d'études africaines; Connect Africa; ecoi.net; Études africaines en France; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Irenees.net; IRIN; Minority Rights Group International; Nations Unies – Refworld; Techniques et cultures.



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